De tous les pays du Maghreb, l’Algérie continue de fasciner et d’étonner les observateurs les plus avertis. En apparence du moins, la société est grosse d’un changement démocratique depuis octobre 1988. Une ouverture politique et médiatique sans pareil dans le monde arabe a permis tous les espoirs. Et puis ce fut la descente aux enfers à partir du coup d’Etat du 11 janvier 1992 qui a vu l’armée intervenir pour arrêter le processus électoral et confisquer la victoire aux islamistes du FIS. La crainte légitime de l’inconnu et de la scission de la société qui s’est emparée de l’état-major de l’armée algérienne mais aussi la volonté de continuer à contrôler le pouvoir et la rente à laquelle il donne droit, l’incompétence politique des dirigeants, l’inexpérience et l’aventurisme de la direction du FIS, l’immaturité des élites de la classe politique et de la société civile sur fond de manipulations étrangères sophistiquées ont fini par avoir le dessus sur l’espoir d’une transition démocratique qui a souffert dès le départ des arrière-pensées d’un « cabinet noir » aux intentions inavouées. Dans le chaos général, les rares voix qui osaient faire un pari sur la sagesse et le dialogue n’étaient plus audibles. Cependant et fort heureusement, les prévisions alarmistes de certains observateurs ne se sont pas réalisées.
L’Etat algérien ne s’est pas effondré, la guerre civile entre Algériens n’a pas eu lieu malgré les manipulations allant dans ce sens. L’alliance entre certains généraux dits « éradicateurs » et les minorités culturelles et idéologiques qui ont fait main basse sur l’économie et l’administration algériennes n’est pas arrivée à ses fins : l’établissement d’une république pseudo-kémaliste ouvertement néocoloniale ! Ni les massacres ni les manœuvres sournoises n’ont eu raison de la sociologie d’un pays, une sociologie ancrée dans une histoire séculaire dans laquelle l’islam a été vécu par l’imaginaire populaire comme un refuge contre les agressions et les injustices.
Ce n’est pas de gaieté de cœur que les généraux proches de Nezzar ont accepté le recours à Bouteflika en 1999 auquel ont poussé les généraux Larbi Belkheir et Mohammed Mediène Il s’agissait tout au plus d’un compromis rendu inévitable par l’impossibilité de continuer dans la politique du tout sécuritaire sans risquer de porter atteinte à l’unité de l’armée et de la société. Même si elle amnistie aussi les militaires impliqués dans des exactions, la politique de réconciliation nationale a été rejetée par les secteurs les plus durs de la caste politique et militaire hostile à toute normalisation politique – qui risquerait de rendre visibles leurs trafics en tous genres. L’affaiblissement de ce clan à la faveur du renforcement de Bouteflika – qu’illustre la démission du chef de file des éradicateurs, le général Mohamed Lamari qui était hostile au second mandat du président- et l’embellie pétrolière à partir de 2006 n’ont pas manqué d’aiguiser les luttes au sommet qui se prolongent parfois dans la rue. A cet égard, la Kabylie a toujours constitué un terrain de manœuvres privilégié pour ces luttes de factions.
Mais au-delà des enjeux de pouvoir pour le contrôle de la rente, les luttes qui agitent le sérail ont-elles un quelconque intérêt pour le mouvement social algérien et peuvent-elles avoir une quelconque incidence sur les perspectives de changement démocratique ? Les luttes de clans et de personnes resteront vides de sens tant qu’elles ne sont pas rapportées aux véritables enjeux économiques, sociopolitiques et géopolitiques qui détermineront pour une large part l’avenir du pays. Comment imposer au quotidien le respect des droits humains et avancer politiquement dans la réunion des conditions favorables à l’instauration de l’Etat de droit ?
Comment éviter que la légitime revendication démocratique ne devienne le cheval de Troie des minorités culturelles et idéologiques qui ont cherché à noyauter les appareils de l’Etat, à la faveur de la crise sanglante des années 90 et à instrumentaliser l’armée dans leur sale guerre contre le peuple algérien, et qui cherchent à remonter au créneau à chaque fois que se prétente une opportunité comme en 2011, à la faveur des émeutes sociales de la jeunesse et de révolution tunisienne, pour reprendre les positions qu’elles ont perdues ? Comment relier la lutte pour le changement démocratique à la lutte sociale des couches populaires pour une vie digne sans affronter l’épineuse question de la sortie du système rentier qui constitue une véritable menace, à moyen terme, pour la cohésion de la société et la préservation de l’indépendance nationale ?
Les pesanteurs de l’histoire
L’immaturité des élites algériennes ne permet pas aujourd’hui de poser correctement ces questions. La question démocratique reste otage d’options idéologiques aussi exclusives et aussi autoritaires les unes que les autres qui reflètent une inculture politique chronique. La question ne se pose pas en termes de personnes mais relève de pesanteurs sociologiques qu’il convient d’analyser lucidement. Pour des raisons historiques évidentes, l’Etat algérien fondé dans la hâte au lendemain de l’indépendance ne pouvait faire autrement, pour fonctionner, que phagocyter les élites sociales.
Le modèle de développement suivi par la suite qui a fait de l’Etat le premier employeur du pays, dans le cadre d’une économie rentière, ne pouvait qu’aggraver cette tendance qui allait déboucher sur un déséquilibre désastreux. Une société civile appauvrie et infantilisée. Un Etat populiste qui confond fonction régalienne et redistribution paternelle de la rente. Un Etat ruraliste qui se méfie des cadres issus des milieux bourgeois et citadins. Un Etat médiocre qui cultive le nivellement par le bas et décourage l’effort et le mérite. Un Etat qui fonde toute son historiographie et son idéologie officielle sur la culture de la violence et de l’activisme politique dédaignant le rôle joué par l’éducation familiale et la culture dans la résistance de la société algérienne à l’entreprise coloniale.
Dans un tel contexte, les deux corps sociaux qui échappent relativement à la médiocrité généralisée restent l’ANP et la SONATRACH. Ce n’est pas un hasard si ces deux institutions ont été particulièrement visées par l’entreprise de subversion qui a failli emporter l’Etat algérien. L’armée, dont l’état-major a été infiltré par des généraux éradicateurs perméables aux thèses pseudo-modernistes néocoloniales, a failli devenir un instrument de guerre contre le peuple algérien si des forces nationales à l’intérieur comme à l’extérieur du système n’étaient pas intervenues, sous la pression populaire, pour limiter les dégâts et restaurer un équilibre fragile dont l’issue dépend toujours des luttes présentes et à venir.
La SONATRACH a subi des saignements successifs au sein de son encadrement qui devaient déboucher sur son démantèlement et sa privatisation sous l’ère de Chakib Khelil et Dick Cheney mais là aussi, seule la résistance admirable de cadres et de militants syndicaux dévoués a eu raison des plans machiavéliques des groupes d’intérêts liés à certaines multinationales et ce, malgré les menaces et les violences exercées par certains parmi ceux qui étaient censés protéger la sécurité économique du pays.
Une société civile aussi saignée et fragilisée ne peut accoucher d’élites capables de constituer des contre-pouvoirs vigilants sans lesquels il ne saut y avoir d’Etat de droit. Dans ces conditions, les contradictions et les conflits qui traversent normalement toute société allaient se déplacer à l’intérieur des appareils de l’Etat même si l’unanimisme de façade de la période de parti unique ne facilitait pas leur visibilité. C’est ce qui explique que, bien avant octobre 1988, les enjeux sociétaux ont toujours eu pour théâtre l’Etat avant de connaître leur épilogue dans la rue. C’est pourquoi, ceux qui se contentent de poser la question du changement démocratique en termes abstraits, opposition contre pouvoir, se trompent et passent à côté des véritables enjeux du changement.
Si les deux principaux partis de la coalition gouvernementale (FLN, RND) font plus penser à des corps administratifs qu’à des partis proprement dits, les autres partis dits d’opposition expriment des réalités politiques fort différentes. Parmi ces derniers, certains semblent rechercher le salut plus du côté des chancelleries occidentales que du côté de leur peuple. Inutile de parler de ceux qui ont appelé à l’exclusion et au meurtre de leurs concitoyens qui ont eu le malheur de voter pour le FIS et qui, après avoir cherché à noyauter le système et profiter de ses prébendes, cherchent aujourd’hui à se faire une viriginté politique à travers un « abstentionnisme » qui ne trompe personne quand ils sont incapables de s’adonner à leur sport favori: la gesticulation démocratique devant les caméras des télévisions étrangères.
Les islamistes, dont les divisions ne s’expliquent pas seulement par les manipulations de l’administration comme on tend à le croire trop facilement, sont déchirés entre des tendances populistes qui sont tombées tête baissé dans la provocation des partisans du chaos et de la guerre spéciale et des tendances réalistes (comme les Frères musulmans du MSP) qui confondent participation politique et compromission dès lors qu’elles désertent le terrain de la mobilisation et de l’organisation de la société et de la jeunesse en particulier autour de ses préoccupations urgentes même si à la faveur du triomphe de la tendance « radicale » de Abderrazak Mokri, ce parti cherche à son tour à se refaire une virginité politique en décidant de s’abstenir lors du prochain scrutin présidentiel.
Les autres forces démocratiques qui n’ont pas les mains sales du sang de leurs compatriotes sont également divisées et aphones. En effet, S’ils ont eu le mérite et le courage de militer pour une solution politique à la crise qui passe par le dialogue politique et la réconciliation nationale durant la décennie sanglante, ni le parti des travailleurs (PT) ni le front des forces socialistes (FFS), n’ont su s’adapter correctement à la nouvelle conjoncture politique en vue de proposer une alternative pour une transition démocratique effective même s’ils continuent à représenter l’espoir d’une opposition autonome, aux côtés de formations islamistes éclatées.
En cherchant maladroitement à élaborer une ligne politique qui allie la défense des intérêts de classe des travailleurs à la défense de l’intérêt national contre l’alliance de la bourgeoisie compradore et de l’impérialisme, le PT a pris le risque d’échanger trop vite une proximité avec des secteurs supposés nationaux au sein du pouvoir contre l’abandon de la construction patiente d’un rapport de forces réel au profit des forces populaires au sein de la société.
En se faisant durant des années le champion des appels endémiques en direction d’une « communauté internationale » censée venir au secours d’une hypothétique révolution démocratique dont on ne voit pas comment elle serait autre chose qu’une « révolution orange » dans les conditions sociopolitiques de l’Algérie, le FFS a éludé la véritable question de fond : comment éviter qu’une pareille « révolution orange » ne soit qu’une reconduction plus sournoise du coup d’Etat du 11 janvier en vue de placer au pouvoir une minorité culturelle et idéologique qui sait qu’elle n’aura jamais le pouvoir autrement que par le chaos généralisé et l’intervention étrangère ?
Au demeurant, les scénarios basés sur une hypothétique intervention de la « communauté internationale » font peu de cas des changements survenus sur la scène internationale. Après le 11 septembre 2001, on a assisté à un redéploiement de la diplomatie américaine. Le régime algérien qui pouvait à tout moment être lâché est devenu subitement un allié majeur dans la « lutte anti-terroriste » même si les Américains gardent plusieurs fers au feu et ne pardonneront sans doute pas à Bouteflika d’avoir fait volte-face concernant la loi sur les hydrocarbures, ni d’avoir dissous l’entreprise qui leur servait de plate-forme pour leurs manœuvres pétrolières en Algérie (KBR) et sacrifié leur ami Chakib Khelil.
C’est ce qui expliquerait peut-être le changement de cap de ce parti depuis quelques années. Depuis sa participation aux élections législatives de 2012, le FFS nouveau cru semble avoir rompu avec sa ligne politique passée au risque de susciter dans ses rangs une énième scission des cadres qui accusent la direction du parti de compromission avec le pouvoir. Sincère ou opportuniste, le nouveau tournant politique du FFS demeure pour le moment un objet d’interrogations et tout état de cause, l’émergence d’une force social-démocrate dans le contexte particulier d’une formation sociale périphérique comme la formation algérienne exige plus que le copier-coller des slogans concoctés dans les laboratoires de l’Internationale socialiste.
L’espoir de la société civile
Il reste ce qu’on appelle la « société civile ». De nombreux observateurs démoralisés par les divisions chroniques de l’opposition comme l’a illustré en 2011 le retrait du FFS et du mouvement RAJ (rassemblement action jeunesse) de la coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), formée de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, de quelques syndicats autonomes et deux partis dits éradicateurs (RCD, MDS). Outre les questions de fond posées qui expliquent qu’aussi bien des partis de l’opposition islamiste (comme Ennahda et El islah) que de l’opposition socialiste comme le FFS et le PT n’aient pas pu adopter une telle initiative suspecte et n’aient pas pu se joindre pas à l’appel de cette coordination éphémère, il convient de se demander si le changement démocratique ne viendra pas d’un sursaut du peuple, plus particulièrement de la jeunesse, comme cela s’est produit en Tunisie et en Egypte. Mais les situations sociales sont-elles comparables ? De quel poids dispose vraiment la société civile algérienne ?
Si la question ne se pose pas dans les mêmes termes au Maroc et en Tunisie malgré la similitude des régimes autoritaires, c’est qu’elle appelle la prise en compte d’autres paramètres. Une société civile peut-elle peser vraiment dans un contexte dominé par une économie rentière autrement que comme un annexe d’un pouvoir plus ou moins établi ? Si la société civile algérienne a longtemps souffert des effets paralysants d’un modèle de développement quasi prussien, des mutations sociales profondes rendent cependant de plus en plus obsolète la logique qui a présidé jusqu’ici aux rapports paternalistes entre l’Etat et la société.
Malgré la prédominance au sein de la bourgeoisie des secteurs parasitaires qui vivent à l’ombre de l’Etat rentier, les difficultés quotidiennes qui paralysent la classe moyenne, le climat de corruption qui mine une partie des professions libérales et la déstabilisation du collectif des travailleurs par les opérations de privatisations et de licenciements qui sont passées quasi-inaperçues dans un contexte de violences extrêmes, des conditions existent aujourd’hui pour l’émergence d’une société civile autonome autour des nombreuses forces qui vivent du travail et de l’intelligence.
Mais ces conditions sont encore contrariées par de puissants facteurs sociopolitiques. Un syndicat historique qui constitue à n’en pas douter une base sociale puissante et capable de peser sérieusement dans la redéfinition d’un nouveau rapport entre l’Etat et la société est malheureusement empêché de jouer ce rôle historique par une direction inféodée au pouvoir mais aussi par les comportements infantiles et sectaires des groupes qui préfèrent gesticuler auprès de certains cercles occidentaux que de se donner la peine de se battre au quotidien pour imposer la démocratie syndicale et se réapproprier cet outil irremplaçable des travailleurs !
Des organisations patronales qui demandent alternativement plus de libéralisation ou plus de protectionnisme au gré d’intérêts immédiats et étroits mais sans toucher aux fondements d’un système rentier obsolète. Des syndicats dits autonomes et des ligues de droits de l’Homme qui souffrent certes d’isolement et de harcèlement mais qui donnent parfois l’impression de poursuivre des agendas autres que ceux que devrait leur dicter la protection des droits de leurs affiliés et des citoyens. Des associations dont beaucoup sont autant de coquilles vides à la recherche de subventions internes (et parfois externes) même si cela ne doit faire oublier celles qui se battent modestement sur les terrains social, éducatif, culturel et écologique, pour donner un sens concret à la citoyenneté Des élites sociales segmentées quand elles ne sont pas schizophrènes : un segment attiré par le modèle laïc éculé de la IIIe République française, un autre par l’islam wahhabite.
Le segment qui cherche à construire un projet moderne endogène, démocratique et social, fondé sur une renaissance civilisationnelle qui n’occulte aucune des dimensions du triptyque national (islamité, amazighité, arabité,) a du mal à faire entendre sa voix. Enfin, des intellectuels peu nombreux et dont la plupart restent spécialisés dans la confection du prêt-à-porter idéologique des salons parisiens qui sont, comme on le sait, partagés entre des lobbies « pieds-noirs » nostalgiques de la colonisation et des lobbies « pieds-rouges » dont le paternalisme et le sectarisme idéologique empêchent de prendre toute la mesure des évolutions enregistrées en Algérie depuis 1962. Des lobbies qui partagent une commune haine l’égard d’une armée, à laquelle il est reproché, non pas tant les errements sanglants de ses généraux dits éradicateurs que sa solidité dans l’épreuve, sa discipline républicaine et surtout sa capacité à déjouer les pronostics les plus fous d’officines bien connues dans la guerre psychologique transnationale.
Malgré ces contraintes structurelles, un certain nombre d’indices militent en faveur de l’éveil inexorable de la société civile. La multiplication des émeutes populaires, durant ces dernières années, pour le logement, l’emploi et les équipements collectifs, la levée de l’hypothèque sécuritaire qui paralysait la société, l’embellie financière relative et ses répercussions sur la renaissance d’une classe moyenne formée notamment autour des corps médical et enseignant, sont autant de facteurs qui militent en faveur de l’émergence de corps intermédiaires entre l’Etat et la société. Cette tendance est appelée à connaître un développement plus conséquent avec le renforcement prévisible de la classe des entrepreneurs privés et des ingénieurs dans la nouvelle configuration économique qui s’annonce timidement.
Ce ne sont pas tant les gesticulations politiciennes d’une opposition pseudo-démocratique, dont la tentative scélérate de tirer profit de la révolte des jeunes et de la conjoncture régionale ne sauraient faire oublier ni un passé antipopulaire récent ni la compromission présente avec les clans qui veulent sauver le système rentier par un changement superficiel de personnes, que ces tendances sociologiques lourdes qui militent en faveur de l’émergence d’une société civile capable d’imposer l’instauration d’un Etat de droit sans sacrifier ni l’indépendance nationale ni les acquis sociaux du peuple algérien.
Paradoxalement, c’est au moment où l’Etat algérien paraît plus fort que jamais par le contrôle d’une généreuse manne pétrolière et par le soutien fort intéressé de la puissance américaine que la société pourra le faire reculer et lui arracher des acquis sociaux et démocratiques qui sont aujourd’hui à portée de main pour peu qu’elle se mobilise pacifiquement et énergiquement autour de ses revendications les plus urgentes. Ces acquis ne sont pas seulement précieux en eux-mêmes mais dans la lutte pour les arracher, la société civile apprendra enfin à se construire dans le respect mutuel de ses différentes composantes. En murissant, la société civile constituera un véritable vivier pour une nouvelle classe politique débarrassée de ses chimères et apte enfin à un changement démocratique qui ne soit pas une ruée aventuriste vers l’inconnu.
*Article paru le 22 février 2014 dans le journal électronique Algérie solidaire.